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L'AGE DE L'AIR
Auteur : Louis CASTEX
Editeur : Etienne CHIRON, Editeur
Année : 1945
Sujet : Aviation Commerciale
Présentation :
C'est le propre des hommes d'action de s'attaquer
à des tâches difficiles et de les accomplir brillamment.
Le Commandant Louis Castex, en s'attachant
à exposer dans cet ouvrage ce que fut, ce qu'est, et ce
que sera l'Aviation Commerciale, s'est attaqué à
l'une de ces tâches, et il a réussi à la
mener à bien avec talent.
Son passé d' aviateur, les commandements
qu'il a exercés aussi bien dans la vie militaire que dans
la vie civile, son action remarquable dans notre aviation transatlantique
- n'est-ce pas lui qui découvrit le plus grand aérodrome
des Açores, qui a pris dans l'aviation transocéanique
une importance capitale - et enfin son tour du monde en avion,
le qualifiaient plus que tout autre pour traiter cette question
si vaste et si complexe : l'Aviation Commerciale.
Ma longue carrière de pilote, puis de
constructeur, m'a donné l'opportunité de couvrir
le premier kilomètre aérien en circuit fermé
officiellement contrôlé, puis d'inaugurer et d'organiser
les premières lignes aériennes.
J'ai couvert le kilomètre avec beaucoup
de peine, puis j'ai enlevé un, puis deux passagers. Les
poids transportés et les vitesses ont augmenté
assez lentement tout d'abord, puis rapidement. Mais à
l'époque, on aurait considéré comme fou
celui qui aurait prétendu que le 200 à l'heure
eut été possible : et pourtant Maurice Prévost
le dépassa en 1913. La guerre de 1914 voit les performances
augmenter, surtout en ce qui concerne 1e poids transporté.
Puis, les poids des machines augmentent; elles atteignent après
la guerre de 1939 : 20, 30, 40, 50 et 60 tonnes. Et voici l'avion-fusée
aux vitesses fantastiques, qui nous permettent - quand le progrès
aura fait son oeuvre - de considérer sans utopie que,
dans un avenir pas très éloigné, New-York
ne sera plus qu'à une heure de Paris...
Mais revenons en arrière, situons les
premiers efforts par des dates. Le kilomètre fut réussi
le 17 janvier 1908 à Issy-les-Moulineaux, les deux premières
lignes inaugurées se situent le 8 février 1919
( Patis-Londres) et le 12 février 1919 ( Paris-Bruxelles)
. C'était la première fois qu'un avion commercial
- le Goliath Farman - reliait tour à tour une capitale
à l'autre, en emmenant quinze personnes à son bord.
Dès lors, la voie était ouverte,
et il appartenait à la science d'une part, et à
l'audace et à l'organisation des hommes d'autre part;
de mettre au point le nouveau mode de voyage. Dès ce moment,
j'avais confiance absolue dans l'Aviation Commerciale.
Elle couvre maintenant le monde entier de l'immense
toile d'araignée tissée par les lignes internationales
pour le triomphe desquelles tant d'héroïques équipages
ont péri. De nos jours, on voyage en avion aussi régulièrement
que par le train, avec la même sécurité,
et avec un confort supérieur. Louis Castex le démontre
dans cet ouvrage avec précision, et de façon attrayante
: son talent d'écrivain emporte le lecteur d'une rive
à l'autre des océans dans un enchantement.
L'auteur a jeté un large regard vers
l'avenir. Il nous dit quels horizons nouveaux ouvriront demain
les avions à réaction dont la guerre vient de faire
une réalité.
Les vitesses supersoniques - c'est-à-dire
supérieures à 1200 kilomètres à l'heure
- seront atteintes d'ici peu d'années en tant que moyennes
commerciales; des vitesses plus grandes encore ne tarderont pas
ensuite à être pratiquement utilisées, la
navigation stratosphérique dans l'atmosphère raréfiée
permettra aux voyageurs de contempler des horizons jusqu'alors
inconnus, et, la science aidant, l'organisme humain s'habituera
à des vitesses de projectiles dans des espaces infinis
où jamais, - à notre époque - aucun être
humain n'a encore pénétré.
Le domaine scientifique des recherches fera
place alors à la commercialisation des projectiles commerciaux,
et ceux-ci groupés en compagnies d'exploitation vivront
financièrement comme vivent les avions de transport actuels.
Car l'aviation commerciale rapporte quand elle
est bien menée. J'en ai fait personnellement l'expérience.
De l'avion du kilomètre au pullmann-aérien
moderne, que de chemin parcouru, en un laps de temps cependant
relativement court : trente- sept ans !
Ce bond fantastique dans le progrès,
nous le sentons dans ce livre. Nous en comprenons l'importance
grâce à son auteur. Nos voeux ardents s'envolent,
comme ceux de Louis Castex, vers un avenir où l'Aviation
qui fut si meurtrière pendant la guerre, deviendra - nous
l'espérons tous - un trait d'union pacifique entre les
peuples.
Et c'est peut-être le but le plus émouvant
de cet ouvrage : montrer aux habitants de notre planète
qu'ils ont dès aujourd'hui à leur disposition un
mode de locomotion si rapide qu'aucun retard ne serait excusable
dans les échanges de vues et dans les décisions
qu'auraient à prendre dans l'avenir ceux qui les dirigent,
pour sauvegarder la paix entre les hommes de bonne volonté.
Appréciation : **** |