Le ciel n'a pas de toit
Auteur :
Robert MARCHAND
Editeur : Berger-Levrault
Année :
1962
Sujet :
Histoire

Présentation :   
Terre - Lune 380 000 km.
Terre - Vénus 40 à 200 millions de kilomètres.
Terre - Mars 56 à 400 millions de kilomètres.
Terre - Jupiter 580 millions de kilomètres.
   Ces destinations seront un jour affichées dans les gares aériennes. Elles seront suivies de chiffres indiquant le prix du voyage. Les enfants de moins de cinq ans voyageront gratis et des tarifs spéciaux seront valables pour les week-ends.
   Le voyage terre-lune apparaît comme devant être le premier réalisé. Mais quand ? Les savants sont divisés. Cinq ans ? dix ans ? La plupart s'arrêtent au premier de ces chiffres.
   Pour ce premier voyage certains mathématiciens, physiciens et biologistes pensent qu'il serait souhaitable de créer une escale sur une planète artificielle.
   Cette planète artificielle flotterait comme une île, à quelque 30 000 km de la terre. Elle aurait le volume d'une grosse maison et servirait de tremplin pour l'exploration des espaces interplanétaires. Ce serait le porte-avions de l'avenir. Un porte-avions qui serait aussi une station-service.
   Est-elle indispensable, cette planète artificielle ?
   N'oublions pas que l'on a prévu jadis des îles artificielles entre la France et l'Angleterre et, plus tard, entre la France et l'Amérique. On disait alors qu'il n'était pas raisonnable de penser réussir une traversée à tout coup !
   En fait ces îles ne furent jamais construites. Elles étaient devenues inutiles avant d'être nées, car les avions volaient déjà comme des flèches d'un continent à l'autre. Peut-être en sera-t-il ainsi de la station artificielle dont on a d'ailleurs commencé à fabriquer certains éléments.
                                    
   Il n'est pas un moyen de transport qui ait grandi aussi vite que l'aviation. Pas un non plus qui ait soulevé tant de passion, exigé tant de sacrifices.
   C'est que, de tout temps, l'homme a désiré voler de ses propres ailes. Il a tout essayé, tout osé, tout tenté pour parvenir à ses fins. Aux îles Carolines des missionnaires du XVIIIe siècle ne recueillirent-ils pas cette jolie légende :
   Un jeune Oulefat, fils d'un esprit bienfaisant et d'une femme terrestre, ayant appris son origine céleste, voulut aller saluer son père. Il alluma alors un grand feu et, porté par la fumée, le rejoignit en quelques instants.
   Mais la plupart des légendes faisaient peu confiance à la légèreté de l'air chaud. Elles s'appuyaient sur des données plus précises, sur des oiseaux par exemple. C'est l'histoire du roi Ke Kaous, de Perse, qui gagna le ciel à bord d'un palanquin porté par quatre grues dressées, d'Ésope qui avait entraîné de jeunes aigles dans un but analogue, ou d'Alexandre le Grand emporté dans les cieux par des oiseaux qu'il stimulait en leur présentant un appât fixé à l'extrémité d'une longue perche.
   En fait les premières études scientifiques connues sur le vol des oiseaux et son imitation mécanique sont celles du plus grand ingénieur et artiste de la Renaissance, Léonard de Vinci, vers 1480.
   Mais cent ans plus tard, François de Belle Forest re1atait ainsi le passage d'un dragon aérien au-dessus de Paris dans l'après-midi du 18 février 1579 :
  « Il estait de merveilleuse grandeur ayant... environ dix brasses de longueur... avec quelques pieds et une grosse teste, ou deux, car lorsqu'il se retournait, ce qui estoit souvent, il paraissoit avoir deux testes, ayant une queue fort longue laquelle ondoyoit au vent... les ailes ayant fort grandes et membraneuses... "
  Ce dragon se maintint dans le ciel entre la Tournelle et l'église Saint-Paul en « prenant vent presque sur le pont Notre-Dame ".
  Après avoir discuté l'opinion du public et des philosophes qui tendaient vers une apparition diabolique annonciatrice de pestilences et malheurs publics, Belle Forest conclut :
   « Mon opinion n'est autre, sinon que sa peau est partie de la boutique d'un marchend de soye (qui est un léger taffetas) et puis, par quelque bon rieur, artificiellement accomodée en forme de dragon (chose toutefois qui ne se devroit tollérer) et porté au haut de quelque tour, puis envoyé au vent estant tousjours tenu d'un petit cordeau... par l'artisan ou maistre de telle sottise, est faite pour aguerrir un simple peuple qui ne faut à dire que c'est un dragon comme je l'ai ouy de plusieurs : et perce, j'ai voulu escrire ce petit discours pour les en oster d'avoir. "
   Depuis, des milliers d'hommes, des précurseurs, sont morts afin que l'on puisse, à l'agence d' Air France aux Champs-Élysées, prendre un billet pour New-York, Saigon ou Madagascar .
   Quand Didier Daurat, après l'autre guerre, inculquait à ses équipages postaux - les Mermoz, Guillaumet, Reine, Saint-Exupéry, Serre... - la mystique de l'heure, non seulement il défendait les intérêts d'une grande ligne française contre la concurrence étrangère, mais il préparait les horaires qui règlent aujourd'hui impitoyablement les voyages aériens de continent à continent.

Appréciation : ****

 

 



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Dernière mise à jour le 17 septembre 2000