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Henri MARTINET
pour l'aventure
Il y a six ans, le 21 janvier 1980, Henri Martinet
succombait au terme d une inéxorable maladie en Nouvelle-Zélande.
Personnage attachant, cordial et toujours souriant, il formait
avec sa femme un couple assez étonnant. Il aimait l'aviation,
elle aussi; il avait soif d'aventure, elle aussi. A deux reprises
il entreprit un raid ambitieux, elle l'accompagna en dépit
des risques, des aléas et des difficultés. Né
en 1907, il fit ses études de pharmacie et choisit de
s'installer. ..à Nouméa. Sa vie professionnelle
lui permit cependant de satisfaire sa passion: l'aviation dans
un pays auquel il était très attaché. Il
fut d'abord, en 1934, président de l'Aéroclub calédonien.
Excellent tremplin pour acquérir son brevet de pilote
et, progressivement, une solide expérience. Ses voyages
en France lui donnèrent l'idée de concrétiser
un rêve un peu démesuré pour un non professionnel.
A bord d'un Caudron « Aiglon " biplace, conçu
en 1935 et doté d'un Renault 100 ch, il réalisa
une liaison Paris-Nouméa : 147 heures de vol pour couvrir
22 500 km non sans incidents, pannes et atterrissages forcés
acrobatiques, en 1939. Après la guerre il devait créer
deux compagnies aériennes : « Transpac " et
« Air Calédonie ". Il les mena avec un sens
éclairé d'animateur et de gestionnaire. A 62 ans,
en 1969, toujours avec sa femme et à bord d'un «
Aiglon " remis en état de vol et cette fois doté
d'un habitacle fermé, il réitera la liaison Paris-
Nouméa mais au prix de bien des aventures ayant failli
être tragiques. Quel bel exemple de passion, d'obstination
et d'optimisme! Il sut faire partager ses joies, s'attirer de
solides amitiés et laisser le souvenir de ses pérégrinations
sous la forme de film, car homme polyvalent, il savait aussi
jouer de la caméra.
Texte
et croquis J. NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1279 du 7 avril 1990 |