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Henri SUISSE
L'air et la manière
Une mort brutale, le 13 novembre dernier, n'a pas laissé
à Henri Suisse le loisir de profiter d'une retraite à
peine entamée, après une riche carrière
aéronautique. La vocation, il l'avait eue très
jeune. A 18 ans, en 1933 il était breveté civil,
puis militaire en 1940. Démobilisé, évadé
par l'Espagne en 43, il retrouve ses ailes, appartient au Groupe
1/3 " Corse" sur " Spitfire " et plus tard
combat en Indochine. Ses missions de guerre lui valent la Croix
de guerre 39/45 avec 3 citations et la Croix de guerre T.O.E.
En 1963 il sera fait officier de la Légion d'Honneur.
Ayant été affecté au centre de transformation
sur " Vampire" de 1948 à 1950, comme instructeur,
il se retrouve au C.E.A.M. de Mont de Marsan pour trois ans,
spécialiste des essais d'armement d' " Ouragan"
et de" Mistral ". Il passe par l'EPNER et obtient le
brevet de pilote d'essais n° 153, en 1953, avant d'entrer
chez Dassault le 12 décembre 1953. A Cazaux il se voit
confier pendant 7 ans les essais d'armement de tous les chasseurs
" maison ". A partir de 1960, il se retrouve à
Istres pour des essais " pointus" (vrilles) sur "
Mirage ". Lors de nombreuses présentations en France
comme à l'étranger il se montre éblouissant
démonstrateur. Ensuite il se consacre aux avions civils:
" Mystère 20,10,50, " Falcon" à
caractéristiques variables... et surtout " Mercure
". Retraité P.N. en 1980, avec 9 000 heures de vol,
en 1983 il anime le Service de Presse de la société.
Secret, mais généreux, intelligent, doué
d'une volonté de fer, il était la rigueur même,
en technicien ayant le souci du détail. Ceci ne l'empêchait
pas, avec le même enthousiasme de pratiquer la chasse,
la pêche sous- marine... ou de cultiver les géraniums
et même de réparer le toit de sa villa... ce qu'il
faisait le jour même de sa mort.
Texte
et croquis J. NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1264/1265 du 23/30 décembre 1989 |