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DENIS LEGRAND
Passion jamais assouvie
C eux qui
assistèrent le 12 juillet aux obsèques poignantes
de Denis Legrand au Musée de l'Air et avaient été
présents à celles de Christian Bove dans un hangar
noyé de monde et de fleurs, à Brétigny,
le 18 juillet 1986, ont sans doute été frappés
par la similitude du destin de ces deux pilotes. Une carrière
parallèle au C.E.V., un même enthousiasme débordant,
une soif incommensurable de piloter les avions les plus modernes
comme les reliques du passé... très probablement
victimes l'un et l'autre d'un malaise dû à la fatigue,
lors de vols, sans risque particulier... Denis Legrand, né
le 4 septembre 1949, avait fait de brillantes études.
Toutes les portes des grandes écoles lui étaient
ouvertes. Ce sera Polytechnique (1969), Sup' Aéro (1972),
l'Ecole de l' Air (1974 ). Breveté chasseur à Tours
en 1975, il entre au C.E.V. l'année suivante comme ingénieur
d'essais et sera chef de la section avion de décembre
1981 à septembre 1985. S'il.fut ingénieur de marque
du " Mirage F1 » et des " Mirage 2000 »
et 4000, comme pilote il avait été aux commandes
de 250 types différents lors de plus de 7 000 heures de
vol ! Entré à la SOCATA, le 1er novembre 1985 comme
directeur technique, on lui doit la mise au point du TB M 700
et celle de 1'" Omega » dont il assura les présentations
au dernier Salon. A la SOCATA, il débordait d'activité
comme ingénieur et comme pilote. Il était toujours
sur la brèche pour présenter les avions de Jean
Salis. Il avait remporté avec Claude Lelaie un triomphe
à bord de deux " Cri-cri» à Oskoch en
1981. Ensemble ils avaient créé la Patrouille "
Porthos » sur CAP 10 et cet été il s'était
vu confier le " Mystère IV » de Fraissinet
pour des présentations éblouissantes. Modeste,
amical, attachant, il forçait la sympathie. Arraché
à l'affection de sa famille, sa disparition laisse un
grand vide parmi les innombrables amis de ce chevalier... de
l'Ordre national du Mérite.
Texte
et croquis J. NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1251 du 23 septembre 1989 |