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René Leduc
authentique génie
Il y
a vingt ans, le 9 mars 1968, mourait à Istres René
Leduc. Dix ans plus tôt, les essais du 022 et l'activité
de sa société étaient brutalement et définitivement
arrêtés. Certaines somnités, auréolées
d'un prestige contestable, avaient qualifié René
Leduc d'Utopiste! Peut-on taxer ainsi, le père de la tuyère
thermo-propulsive, aujourd'hui baptisée stato-réacteur
? Les missiles les plus performants n'utilisent-ils pas ce propulseur
? N'envisage-t-on pas de faire appel à lui pour les successeurs
de « Concorde » ? Utopique ? Un homme à qui
l'on doit: la première turbine à gaz ; les premières
servo-commandes à billes; la première cabine éjectable;
la construction des ailes d'avions d'arme, taillées dans
la masse en deux demies-coquilles accolées; la conception
de l'énorme fraiseuse capable de faire cet usinage; les
entrées d'air à parois poreuses... Autant de premières
nées en France et universellement adoptées aujourd'hui.
Sans compter mille solutions ingénieuses appliquées
sur ses appareils. René Leduc, né le 24 avril 1898,
élevé par une famille modeste ayant le culte de
l'effort, de l'honnêteté, du devoir et des valeurs
spirituelles, fut placé, très jeune, comme apprenti
mécanicien. Son avidité à apprendre et son
acharnement au travail feront de lui un docteur es-sciences en
1929. Au cours de sa carrière il déposera 40 brevets.
Jean Gonord, Yvan Littolff, Jean Sarrail, pilotes d'une trempe
exceptionnelle et l'équipe dont il s'était entouré,
prouvèrent le bien fondé de ses initiatives. Avec
sa modestie, son esprit toujours en éveil, sa droiture,
sa bienveillance, il avait su, avec sa femme, donner à
la société Leduc une âme. Exemple à
méditer...
Texte
et croquis J. NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1181 du 12 mars 1988 |