|
Maurice Claisse
modestement héros
Il y a un an, le 14 septembre 1986,
s'éteignait Maurice Claisse. Il avait 81 ans. Sa carrière
avait été l'exemple de l'ingénieur brillant,
du pilote d'essais courageux, du combattant fougueux, du patriote
sans concession. Son sens de l'amitié toujours fidèle
et généreuse et son humour s'ajoutaient à
cette extrême modestie dont savent faire montre les plus
brillants esprits lorsqu'ils ont voulu demeurer réalistes.
Sa formation à Sup'Aéro lui valait un sérieux
bagage technique, que sut mesurer Louis Breguet, en lui offrant
une carrière, en 1932. Il était aussi breveté
pilote militaire. Il accepta la responsabilité d'assurer
les essais du gyroplane Breguet-Dorand avec lequel, en 1936 il
s'octroya 5 records internationaux. Puis ce furent les essais,
pour le chef-pilote du Breguet 690 d'assaut. A l'appel du 18
juin 1940, il n'hésite pas. Après mille péripéties
en Espagne, il rejoint les F.A.F.L., en 1941, et effectuera 68
missions de chasse sur « Spitfire ". Il sera ensuite,
entre septembre 1942 et janvier 1944, le seul pilote d'essais
français au C.E.V. de Farnbourough, le seul français
aussi à piloter le premier prototype à réaction
britannique Gloster 29/38 ! Il repart en opération, sur
« Mosquito ", et participe aux missions de la Libération
avant de reprendre son activité civile à la SNECMA
puis chez Breguet où il restera lié aux essais
jusqu'en 1971. Grand chancelier de l'ordre de la libération,
il attribuait ses succès à la « Baraka "
mais n'en était pas moins Compagnon de la Libération
et commandeur de la Légion d'honneur. Il portait la Croix
de Guerre avec palmes, les Distinguished Flying Cross, britannique
et américaine... et la Médaille de l'Aéronautique.
Il avait accumulé plus de 4 000 heures de vol... des heures
qui comptent... sur 180 types d'avions !
Texte
et croquis J. NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1155 du 12 septembre 1987 |