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Charles Nungesser
defi et patrie
Le 8 mal 1927, Il y
a soixante ans, la semaine prochaine, le Levasseur " Oiseau
Blanc" à moteur Lorraine de 450 ch et chargé
de 4000 litres d'essence, décollait lourdement du Bourget.
Après avoir roulé 46 secondes... c'était
le dernier envol de Charles Nungesser et François Coli,
par un petit matin gris et menaçant. Deux héros
de la grande guerre mettaient le cap sur New-York. Ils ne devaient
jamais atteindre leur but. Le mystère de ce vol demeure...
Nungesser avait 35 ans et connu une vie d'exception. Adolescent,
indépendant et déterminé, il était
parti seul, à 15 ans, au Brésil assoiffé
d'aventures. Bagarreur, conscient de sa puissance physique peu
ordinaire, il osait provoquer dans quelque discipline sportive
que ce fut: boxe, équitation, rodéo, natation...
sans jamais admettre l'échec. Au Brésil, il découvre
l'aviation naissante et s'affirme pilote doué. Grand patriote,
il regagne la France en 1914, s'engage au 2e Hussard et obtient
la Croix de Guerre après 10 jours au front. Il passe dans
l'aviation. Manoeuvrier diabolique, tireur précis, avec
une rage de vaincre, il remportera 45 victoires officielles et...
plus d'une centaine, non homologuées. Ceci au prix d'innombrables
fractures et blessures que ses ressources physiques traitent
avec un incroyable mépris. As adulé, ployant sous
les décorations, rendu à la vie civile, il la veut
aussi hors du commun. Orgueilleux, il voit grand, que ce soit
pour son école de pilotage d'Orly ou pour les 55 exhibitions
de son cirque aérien aux U.S.A. Malheureusement les problèmes
financiers le harcèlent. Il lui fallait un nouveau triomphe...
l'Atlantique aura été son ultime défi, lancé
avec panache.
Texte
et croquis J. NOETJNGER .
Air & Cosmos n° 1141 du 2 mai 1987 |