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Charles Goujon
force humaine
Il y aura 30 ans, le
21 mai, Charles Goujon, lors d'une, séance d'entrainement
sur SO.9050 " Trident II ", trouvait la mort, suite
à la rupture d'un plan arrière. C'était
le dernier des cinq accidents ayant fait onze morts dans les
rangs des équipages d'essais en 1957... l'année
ou sera inauguré, en octobre, le monument " Au pilote
et à l'équipage d'essais "... le drame de
Goujon, trois jours avant l'ouverture du Salon, plongea le milieu
aéronautique dans la stupeur. On connaissait la brillante
carrière de cet athlète ayant été
le plus jeune conducteur de France à dix ans et trois
mois! Il pilotait une moto produite par son père, industriel,
et gagna une course réputée. Passionné de
mécanique, pilote militaire en 1933, pilote de chasse
aux 193 missions et quatre victoires au " Lafayette"
avec Rozanoff, puis au " Roussillon ". Ingénieur
de l'ETACA, breveté pilote d'essais en 1948, après
avoir été chef pilote de l'école Morane-Saulnier
pendant trois ans, il était entré à la S.N.C.A.S.O.
en août 1948. Parmi les appareils dont il s'occupa plus
particulièrement, on peut citer le SO.95 " Corse
", le " Bretagne ", avec lequel il fit un mémorable
vol Orly-Bordeaux-Paris, sur un seu1 moteur, lors du salon de
1949. Puis il décolla pour la première fois les
premiers appareils expérimentaux de transport à
réaction français : SO.30 " Nene " et
SO.30 " Atar ", en 1951 et 53. Ce furent ensuite des
essais sur " Espadon " et " Vautour ", avant
de remplacer, sur " Trident ", Guignard, accidenté
en 1953. Commandeur de la Légion d'honneur, aux 5 600
heures de vol, Goujon avait toujours été un "
fonceur réfléchi ", avec son caractère
mais profondément humain et généreux.
Texte
et croquis J. NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1143 du 16 mai 1987 |