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Jean-Pierre Brune
tragique destin
Il y a un
an, le 24 janvier 1986, un équipage convoyant un monomoteur
du Canada vers la France, connaissait la plus atroce des tragédies.
Jean- Pierre Brune et Jean-Jacques Deniau avaient, en professionnels,
préparé leur traversée avec le plus grand
soin. L'avion, parfaitement équipé, regorgeait
de carburant. Mais le temps était épouvantable.
Les aérodromes du Groenland, où une étape
était prévue, étaient fermés. Avec
une marge de sécurité de 50 minutes, tout portait
à croire que Reykjavik, en Islande, serait atteint sans
difficulté. Le vent de face se fit plus violent encore,
atteignant la force 8 ! La vitesse sol diminuait, les jauges
accusaient une consommation irrémédiable. J.-P.
Brune dut bientôt se rendre à l'évidence:
seul un miracle pouvait le sauver de la panne d'essence, avant
d'atteindre la côte. Pendant cette inéluctable tragédie,
il se montra digne de sa réputation d'homme lucide, réfléchi,
courageux et conscient de ses responsabilités. Avec calme,
il multiplia les messages radio, techniques... et personnels
pour les familles que le drame allait frapper. Mourir aux commandes,
pour un pilote est un voeu fréquent mais qui peut souhaiter
cette lente agonie ? Jean- Pierre Brune, passionné de
technique, avait été formé comme mécanicien
dans l'Aéronautique Navale en 1973. Mécanicien
civil, puis responsable technique, il avait marqué de
son empreinte successivement " Delmotte Aviation" à
Marignane, " Air-Affaires-Gabon " à Libreville,
" Air Antilles " puis " Air Guadeloupe "
à Pointe-à-Pître, avant de créer "
Brune Air Service ", dynamique concessionnaire Cessna en
1980, puis " Air Ile de France" en 1983. Mais que d'amis
ne s'était-il pas fait comme directeur aéronautique
du Rallye aérien Toulouse-St-Louis du Sénégal
?.. Seul l'Atlantique déchainé pouvait avoir raison
de lui, à 34 ans.
Texte et croquis J. NOETINGER
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Air & Cosmos n° 1127 du 24 janvier 1987 |