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André Turcat
retour aux sources
30 juin 1973.
Il y a dix ans... « Concorde 001 » réalisait
un exploit unique dans les annales des hommes de science: pendant
soixante-quatorze minutes, sept spécialistes internationaux
de l'observation céleste avaient pu se maintenir dans
le cône d'ombre lors d'une éclipse totale du Soleil,
grâce à un vol d'une extrême précision,
au-dessus de la Mauritanie, à Mach 2,08. L'idée
était venue à un jeune astronome. Il l'avait exposée
à Turcat. Le directeur des essais en vol de l'Aerospatiale
avait vu l'intérêt scientifique offert par «
Concorde » dans ce cadre. C'était le genre d'entreprise
à séduire le polytechnicien, l'ingénieur
et le pilote d'essais, toujours confronté à des
problèmes ardus auxquels il faut trouver des solutions.
Ses records de vitesse sur le « Griffon », lui ayant
valu une première fois le « Harmon Trophy »
en 1959, n'étaient-ils pas le résultat de préparations
minutieuses ? Le vol « éclipse » était
complexe. Il devait être - et fut - réalisé
avec une précision de 10 secondes ! Turcat était
entouré de son équipe de choc avec Perrier, Retif,
Guyonnet ainsi que Dabos comme second pilote. Ce succès
complet est perpétué par un label peint sur le
« Concorde 001 » exposé au Musée de
l'Air, prototype d'une des plus ambitieuses entreprises aéronautiques
d'Europe dont Turcat, commandeur de la Légion d'honneur,
aura été la vedette n° 1 comme responsable
du programme des essais en vol. Il a su le gérer avec
autorité, prudence et en brillant ambassadeur de nos ailes...
Neveu du créateur de la voiture Turcat-Mery du début
du siècle, il sut faire de la vitesse supersonique son
domaine. Aujourd'hui, ce licencié ès-lettres, mainteneur
à l'Académie des Jeux floraux, se passionne, entre
autres, pour l'archéologie et l'antiquité... réflexe
de sagesse.
Texte
et croquis J. NOETINGER. .
Air & Cosmos n° 961 du 2 jullet 1983 |