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Christian MOENCH
Le prix d'un raid
C'était
le 16 janvier 1938... les journaux du soir furent les premiers
à donner une information inquiétante : «
Christian Moench n'est pas arrivé à Bassorah ».
Les débris de son « Percival Vega Gull » devaient
être repêchés dans le Golfe Persique quelques
jours plus tard. Le pilote, seul à bord de son monomoteur
de 220 ch, pris dans la tempête à basse altitude,
avait percuté le relief d'une ile...
Tragique conclusion d'une liaison qui aurait du permettre
de battre le record de vitesse sur Saïgon-Paris.
Moench, nancéien, était un passionné
d'aviation. Breveté en 1926, après son service
militaire, il avait acquis très tôt un avion de
tourisme. Aimant les voyages, il prit goût aux raids. En
1931, avec Joanny Burtin (pilote d'essais mort en 1977), Il avait
parcouru 40 000 kilomètres: l'aller et retour Paris- Tokyo
en 250 heures de vol. Quelques mois plus tard, le même
équipage battait le record de liaison Paris-Madagascar
et au retour effectuait la première liaison postale.
En 1934 avec Catinot, nouvelle liaison sur Madagascar...
Chargé du secteur commercial de la société
ALSA, créée par son père, il avait beaucoup
à se déplacer, il le faisait avec ses avions successifs,
portant toujours sur le capot, le sigle de la firme. Officier
de réserve ne manquant pas une seule période, président
de l'aéro-club de l'Est dont il était un animateur
infatigable, Christian Moench était très connu
à Nancy. Son entrain, sa bonne humeur, sa cordialité
à l'égard de tous, l'expérience qu'il avait
accumulée avec plus de 2 000 heures de vol... lui avaient
acquis une pléiade d'amis. On savait qu'en matière
de voyages et de raids il ne laissait rien au hasard. Il préparait
ses vols avec soin et méthode. Il fallut qu'un télégramme
à Saïgon, lui annonça la mort de son jeune
bébé pour modifier et hater son retour... en prenant
les risques. Le tenant pour mon parrain aéronautique,
je n'oublie pas son tragique destin. Il avait trente-quatre ans.
J. NOETINGER. .
Air & Cosmos n° 843 du 17 janvier 1981 |