des hommes et des ailes 001

L 'HOMME ANONYME
  Il fut une époque où les exploits, raids, performances, records... dans l'aéronautique, fournissaient à la presse le prétexte de faire valoir un pilote, un équipage, un constructeur. C'était le temps où l'aviation était encore une nouveauté. On défrichait on créait.
  Mais la technique a progressé de façon fulgurante. La machine, l'électronique, l'informatique et l'ordinateur ont détrôné l'individu en le priant de se fondre dans des équipes, elles-mêmes incorporées en entités aux appellations souvent rébarbatives puisque constituées de sigles cachant des abréviations dépourvues de poésie.
Ainsi va le progrès: l'anonymat est devenu la règle. On ne parle plus des hommes. La machine les a dépossédés. Est-ce à dire que cette mutation a nivelé les individus en en faisant des robots standardisés, dépersonnalisés et ayant perdu le sens de l'initiative ? Certainement pas. Alors pourquoi les tenir en coulisse ? A découvrir leur exemple lesjeunes générations puiseraient peut-être une vocation; les moins jeunes un juste hommage à leurs condisciples.
Ces réflexions ont incité « Air etCosmos » à créer une rubrique nouvelle : « Des hommes et, des ailes ».
Tous les quinze jours, j'évoquerai des hommes qui, à quelque échelon de la hiérarchie que ce soit, méritent un bref hommage. Sans tenir compte de critères plus ou moins subjectifs, ce seront des disparus, des personnages en pleine action comme d'autres au terme de leur carrière et ceci en fonction de rencontres, d'anniversaires, d'événements d'actualité ou tout simplement d'informations et suggestions qui me seraient communiquées.
J'aimerais évoquer ce pilote de « Mirage » occupant ses loisirs à construire son monoplace de voltige... cet industriel insufflant son enthousiasme à l'aéro-club qu'il anime... cet ingénieur de l'entre-deux-guerres dont on a oublié les initiatives techniques.
Tant d'hommes ont donné le meilleur d'eux mêmes pour que l'air et le cosmos soient aujourd'hui à notre portée !.
  Jacques NOETINGER.
Air & Cosmos n°842 du 10 janvier 1981