
La manchette de l'Aéronaute, revue fondée par Nadar,
fait apparaître le plus lourd que l'air avec des héli-sustentatrices
et non pas servant à la propulsuion...

Issu de l'imagination et du génie de Jules Verne, voici
le navire volant de Robur le Conquérant et ses batteries
de petites hélices sustentatrices doubles.

Quelques dessins de la main du pionnier de l'hélicoptère
: M. Cayley.

Premier hélicoptère ayant soulevé un homme
: le Breguet 1907.

Cornu vola également en 1907, mais sans contrôle
efficace.

A Valentigney, Etienne Oehmichen vola avec quatre rotors...

Le marquis espagnol de Pescara vola dans un hangar, et pas longtemps.

Breguet reprit ses études en 1935 et réalisa son
gyroplane de record.

Autogire remorqué par un sous-marin en surfac, le petit
Focke-Aghelis permettait à celui-ci de détecter
l'ennemi bien avant d'être vu...

Avion ayant son aile fixe remplacée par une voilure tournante,
et non pas hélicoptère, l'autogire dû à
l'ingénieur Juan de la Cierva garde encore son intérêt
aujourd'hui.

La Cierva construisit ses premiers autogires en Angleterre, mais
vint souvent les présenter en France. En voici un modèle
à Orly, en 1929...

L'ingénieur Juan de la Cierva qui devait périr
dans un accident d'avion, victime de la perte de vitesse...
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La giraviation, origines et développement
L'hélicoptère possède
au moins une antériorité sur l'aéroplane
: celle de s'être élevé du sol, en modèle
réduit, dès 1784. Les expériences, commencées
par les physiciens français Launoy et Bienvenue, se poursuivirent
tout au long du XIX° siècle. En Angleterre, Horatio
Phillipps imaginait et pouvait obtenir le soulèvement
d'un hélicoptère mû par réaction en
bout de pales (1843). Un autre savant britannique, George Cayley,
publiait l'année suivante un projet de « convertible », assurant
sa sustentation au moyen de quatre rotors superposés par
paires, et sa translation par deux hélices tractives.
En France, l'ingénieur de Ponton d'Amécourt, utilisant
pour la première fois l'aluminium dans une construction
mécanique, réalisait un modèle avec lequel
il put obtenir de très sensibles allégements (1853).
Ce sont les travaux de cet ingénieur
qui déclenchèrent le mouvement en faveur du « plus
lourd que l'air », et inspirèrent à Nadar sa campagne
sur la « sainte hélice », et à Jules
Verne plusieurs de ses anticipations. Mais jusqu'en 1907, les
études resteront sur le plan théorique, sans dépasser
le stade du modèle réduit.
Charles Renard, en 1903 et 1904, avait présenté
à l'Académie des Sciences de Paris une série
de mémoires relatifs au calcul et à l'expérimentation
des hélices sustentatrices.
La même année voyait la réalisation
d'appareils expérimentaux, par Victor Tatin, en France,
et le frères Dufaux, en Suisse.
Mais c'est en 1907 que l'on voit les premiers
soulèvements d'appareils en grandeur réelle. Louis
et Jacques Breguet, collaborant avec le professeur Richet, construisent
leur « Gyroplane », numéros 1 et 2. Le premier était essayé
en vol captif et pouvait s'élever à un ou deux
mètres de hauteur, ses rotors étant actionnés
par un moteur « Antoinette » de 50 ch.
Simultanément, Paul Cornu, mécanicien
à Lisieux, réussissait à faire voler librement
un hélicoptère à deux rotors en tandem,
équipé d'un « Antoinette » de 24 ch. Le 13 novembre 1907, il décollait
de 30 centimètres, au poids total de 200 kilos, le frère
de l'inventeur étant resté accroché aux
agrès de l'appareil.
Louis Breguet continuait ses travaux théoriques
sur les hélices de sustentation et, dans ses communications
à l'Académie des Sciences, faisait état
de l'importance des rotors à pales articulées,
déjà préconisés par Charles Renard.
Il faut encore citer, parmi les expériences
intéressantes de ces années d'avant guerre, celles
de Sikorsky (1908-1910) et de Juriev (1912) en Russie, et de
Ellehammer au Danemark (1913).
En 1916, le lieutenant Petroski et le professeur
von Karman construisaient un hélicoptère captif
qui, soulevant une charge de 300 kilos, put s'élever à
une cinquantaine de mètres. Cet appareil était
destiné à remplacer les ballons d'observation,
déjà jugés trop vulnérables.
Cette conception devait être reprise
par Focke-Achgelis, en Allemagne, pour la reconnaissance en mer,
dans les années 1940. Mais il faut bien noter que, peut-être
en raison des progrès rapides de l'avion puis des nécessités
techniques et industrielles de la guerre 1914-1918, les recherches
relatives à l'hélicoptère furent à
peu près complètement abandonnées, pour
n'être reprises qu'à partir de 1919.
Ce sont les réussites du marquis
de Pescara et d'Etienne Oehmichen qui marquent la période
1920-1928. Originaire de la République argentine, le premier
de ces ingénieurs commençait, en Espagne, une série
d'études qui devait se terminer en France par la réalisation
de l'hélicoptère « intégral », pourvu des dispositifs de commande que l'on retrouve
dans les appareils actuels.
Si les performances obtenues ne furent pas
extraordinaires, les vols continus ne dépassèrent
pas une dizaine de mètres, il n'en reste pas moins que
leur auteur avait envisagé, pour la première fois,
et compris le problème de la sustentation indépendante
au moyen d'une voilure tournante. Avec un moteur de 40 ch, Pescara
put se maintenir à des hauteurs de 5 à 8 mètres
par vent relativement fort. En même temps que lui, l'ingénieur
français Oehmichen poursuivait la solution des problèmes
particuliers posés par la stabilité en vol de l'hélicoptère,
qu'aucun des chercheurs précédents n'avaient encore
abordés. Des six appareils construits avec une persévérance
inlassable, le deuxième permit déjà de sortir
du cadre purement expérimental. Equipé d'un moteur
Gnome-Rhône de 120 ch, pesant en ordre de marche 850 kg,
il put réussir, piloté par son constructeur, une
trentaine de vols, parcourant jusqu'à 80 mètres,
s'élevant de 1 à 3 mètres et tenant l'air
plus de 3 minutes (1922-1923). Le 4 mai 1924, il se stabilisait
entre 9 et 10 mètres de hauteur et couvrait pour la première
fois avec ce type d'appareil, le kilomètre en circuit
fermé, en 7 minutes 40 secondes, son inventeur étant
toujours à bord. A la fin de 1924, alors que la Fédération
aéronautique internationale venait de formuler la consécration
officielle des records de giraviation, la France détenait
avec Pescara celui de distance en ligne droite (726 m), et, avec
Oehmichen, ceux de distance en circuit fermé et d'altitude
avec charge de 100 à 200 kilos. Mais ce n'est qu'après
1930 que ces résultats, déjà encourageants,
pourront être améliorés.
Les premiers grands succès apparaissent
enfin, avec le « Gyroplane », dû à la collaboration de Louis Breguet
et de l'ingénieur Dorand. Cet appareil marque l'avènement
de l'hélicoptère moderne. Sous la conduite du pilote
Maurice Claisse, le gyroplane pulvérise les records de
1924 : il monte à 150 m et tient l'air plus d'une heure,
couvrant 44 kilomètres en circuit fermé (1936).
La compétition est maintenant ouverte
entre constructeurs français et allemands. Ces derniers
prendront à leur tour la tête avec le Focke-Achgelis,
lequel, aux mains de l'aviatrice allemande Hanna Reitsch, portera
le record de distance à 122 km, celui de vitesse à
122 kmh et atteindra l'altitude de 3247 mètres.
Une place particulière doit être
faite à l'autogire, appareil de transition, compromis
entre l'avion et l'hélicoptère. La navigation aérienne
lui doit la vulgarisation des appareils à voilure tournante
: en dehors de ses applications militaires, il fut utilisé
particulièrement aux Etats-Unis pour le trafic postal
et, à l'occasion pour le transport de passagers. L'autogire
est dû, dans sa conception, sa réalisation et son
industrialisation, à l'ingénieur espagnol Juan
de La Cierva. Les premiers résultats furent connus en
1923 et, le 12 décembre 1924, le nouvel appareil réussissait
un vol de 12 km, reliant deux aérodromes de la région
madrilène. Le 18 septembre 1928, La Cierva, accompagné
d'Henri Bouché, directeur de la revue « L'Aéronautique
»,
traversait la Manche en autogire, au cours d'un remarquable voyage
Londres-Paris. Sans cesse perfectionné, l'autogire était
construit en Angleterre et, sous licence, aux Etats-Unis, en
France, en Allemagne et même au Japon. Partout, les aviations
militaires en firent un large emploi et, au début de la
seconde guerre mondiale, il était encore utilisé
comme appareil de liaison et d'observation. Par une amère
ironie du sort, Juan de La Cierva, champion de la sécurité
aérienne, est mort tragiquement, dans un accident d'avion
de transport public en 1936.
La période historique de la giraviation
se trouve donc pratiquement close et, de la sorte de fièvre
technique provoquée par le dernier conflit mondial, sortira
l'hélicoptère, tel qu'il est entré dans
les moeurs actuelles, au même titre que l'avion.
Au cours de la période 1942-1945, l'armée
et la marine des Etat-Unis ont mis en oeuvre plus de 600 de ces
appareils, dont 400 construits par la seule firme Sikorsky. Ils
totalisèrent dans l'ensemble, plus de 50000 heures de
vols opérationnels. Cependant, en dehors de quelques liaisons
postales réalisées surtout aux Etats-Unis et en
Russie soviétique, la contribution de la giraviation au
transport public n'a pas atteint l'ampleur a laquelle on aurait
pu s'attendre. Mais ses applications au travail aérien
connurent un développement considérable et témoignent
de la place prise, en peu de temps, par l'un des derniers-nés
de nos moyens de locomotion. |