
Ce R22 est entretenue par la Société
Duval de Rennes Saint Jacques
Photo P. Dennez

Sur cette photo l'on remarque le V situé en tête
du manche unique.
Photo P. Dennez |
Robinson R22
Premier
vol : 1979
Pilote d'essai :
Si
le nom de Piper figure effectivement dans la dernière
édition du Larousse , celui de Robinson peut d'ores et
déjà être proposé aux lexicographes
de Hachette, voire de Flammarion, également engagées
dans la bataille des dictionnaires. Pourquoi, le direz-vous ?
Pour l'unique raison qu'à l'instar des Cub, des années
cinquante, les petits R-22 d'aujourd'hui répondent aux
mêmes besoins des écoles de pilotage: il sont simples,
bon marché et faciles à manoeuvrer.
L'époque du Bell-47 est révolue. Le Hughes 300,
de bonne réputation, n'est pas des plus récents.
Seul, apparemment, le F-28 d'Enstrom semble s'imposer, tentant
de prendre la relève . « Une bonne machine, confirment
les opérateurs, mais moins économique qu'on ne
le pensait.
Et puis, ce qui nous inquiète davantage, ce sont les difficultés
de l'entreprise qui les produit... ». Vint Franck Robinson,
vingt années d'expérience acquises comme ingénieur
chez Kaman, Bell puis Hughes. Dans ses cartons, de nombreux projets
dont celui qui nous intéresse aujourd'hui, le R-22. Le
16 mars 1979, la Robinson Helicopter Company décroche
le certificat FAA de navigabilité du R-22. C'est le début
d'une aventure extraordinaire...
Fin mars 1979 : 540 options et commandes enregistrées
pour cet appareil vendu « sur papier ». Octobre 1979
: il vole, la production a débuté. On parle de
6l5 commandes.
Octobre 1980 : « les chiffres nous stupéfient! avouent
les représentants de Giravia, le dealer de la marque pour
le Benelux.
Notre principale tâche, aujourd'hui, est de prendre livraison
au plus tôt des machines commandées... »
Portant le numéro de série 19, le 00-AHA, qui fait
l'objet de cette prise en main, est le premier appareil certifié
en Europe; les deux suivants doivent voler sous peu aux couleurs
de Transair et pour le compte du dealer britannique. Ce R-22
appartient à Helicopter Associated, entreprise basée
tout près de Halle dans la proche banlieue bruxelloise.
Les responsables, les frères Van Cauwelaert, tous deux
paysagistes de profession, utilisent déjà un Hughes
500-D pour visiter leurs chantiers. Une certaine expérience
donc des machines volantes. . .
Avant de prendre place à bord, Luc Van Cauwelaert, 26
ans, me rappelle les principales caractéristiques de l'engin.
Ce biplace de 590 kg de masse maximale, pour un poids à
vide de 350 kg, est propulsé par un Lycoming 0-320, quatre
cylindres opposés à plat, développant une
puissance thermique de 152 CV (112 kW) à 2 700 tr/mn avec
une limitation mécanique à 126 CV (92,5 kW) à
2 650 tr/ mn, soit une réserve thermique de 20 %.
Le R-22 s'identifie par son rotor principal à balancier,
c'està-dire dont le moyeu est fixé sur l'arbre
par l'intermédiaire d'un anneau cadran. Ce joint universel,
centré sur l'axe de l'arbre du rotor, joue ainsi le rôle
d'articulation de battement et de variation du pas cylindrique
car il permet le pivotement ou basculement de l'ensemble du rotor
bipale ; de ce fait, quand une pale monte, l'autre descend simultanément
de la même intensité. D'autre part, la viariation
de pas cyclique est obtenue par le basculement de l'ensemble
du rotor autour d'un axe parallèle à l'envergure
des pales. La variation de pas général, obenus
quant à elle, par variation de l'angle du profil de pale
autour de l'axe longitudinal, est réalisé par une
articulation de pied de pale utilisant un palier autolubrifié
en téflon situé en-dessous du centre de pivotement
du moyeu, ce qui assure une très bonne stabilité
statique au rotor. Ajoutons encore, que comme sur tous les rotors
bipales. il n'y a pas d'articulation de traînée
du fait du positionnement central de l'axe de battement, ce qui
permet de réaliser une tête de rotor simple et compacte.
Il en est de même pour le rotor arrière de conception
similaire.
Question de tansmission, il faut savoir qu'un arbre situé
au-dessus du groupe propulseur (par un système de poulies
et quatre courroies en « V » ) s'en charge. La mise
en tension des courroies par un actionneur électrique
permet d'embrayer.
L'arbre supérieur transmet alors la puissance au moteur
vers le rotor arrière et vers l'avant,
au travers de la boîte de transmission principale, vers
le rotor principal.
Pour le reste,
Luc Van Cauwelaert m'invite à prendre place à bord
de cet insecte métallique assez futuriste. La ligne est
belle. On appréciera avant tout le mât du rotor
principal, de même que l'achèvement de la structure,
grâce à l'utilisation d'alliages légers faciles
à riveter .
Le R-22 est assez haut sur ses patins. Une petite caractéristique
qui confère à ce gros bourdon une fière
allure d'engin de science fiction.
Première
surprise : l'habitabilité. Pour un pilote de 1,94 m, pas
de problème. La tête ne touche pas, les jambes ne
gênant en rien le débattement des manches. Le fait
est tellement rare qu'il convient de le mentionner! Autre source
d'étonnement: l'agencement de la commande de pas cyclique.
Pour gagner du poids et réduire également le nombre
d'articulations, les deux manches placés ordinairement
devant les pilotes sont remplacés ici par un seul tube
vertical en avant et entre les
sièges.
Au sommet de celui-ci, une barre en « V » (particulièrement
ouvert) dont les extrémités portent une poignée
dirigée vers le bas - qui, après avoir testé
l'appareil, semble bien tomber dans la main. En vol, après
quelques hésitations durant les premiers virages, on acquiert
assez vite les bons réflexes. Par contre, un ami particulièrement
expérimenté sur Alouette et Puma a eu plus de mal:
« Gare aux habitudes des vieux pilotes d'hélicoptères!
Il leur faudra un peu de temps avant de manipuler la poignée
à droite, à gauche, en avant, en arrière
sans toutefois pousser vers le haut ou tirer vers le bas ».
Pour le constructeur, l'avantage d'une telle formule est évident:
dégagement total de l'entre-jambes, soit un gain de place
considérable dans la cabine...
Je retiendrai que les deux manches de pas collectif sont équipés
d'une poignée à visser , la manette des gaz, dont
l'utilisation n'est cependant requise qu'exceptionnellement .
En effet, grâce à un dispositif d'intercommunication
très précis, chaque manipulation du levier de pas collectif entraîne automatiqument la
manoeuvre du papillon des gaz pour maintenir le régime;
en fait, de faibles ajustements manuels ne sont nécessaires
que lors de l'utilisation de l'appareil à pleine puissance
et au-dessus d'une P.A. de 4 000 ft.
Le démarrage
du R-22 ne présente aucune caractéristique intéressante.
Contrôle des températures, pressions de l'huile
et vérification de la charge de l'alternateur précèdent
évidemment l'embrayage des rotors. Celui-ci se fait le
plus simplement du monde par l'intermédiaire
de l'actionneur de tension des courroies. Après avoir
affiché un régime de 530 tr/mn au rotor (109 %
), on décolle par action du collectif. J'attends le verdict
du variomètre. . . 1 200 ft/min .
En croisière, 174 km/h. Avec le plein de carburant - 76
litres, pas un centilitres de plus! - le 00 AHA parcourt environ
385 km. D'honnêtes performances.
Il faut savoir
que l'action des commandes est transmise par tringles, sans câbles
donc. On a éliminé tout point de graissage par
l'utilisation de roulements étanches pour les axes en
rotation et de joints sphériques pour les pièces
oscilantes. De plus, le fonctionnement de l'embrayage et la tension
des courroies de transmission sont automatiques.
En vol, j'ai apprécié le fait que des voyants lumineux
placés sur le tableau de bord indiquent les baisses de
pression, les hausses de températures d'huile et qu'une
diminution dangereuse de la vitesse de rotation du rotor est
tout de suite annoncée par un signal sonore. Autant de
solution qui contribueront à assurer la fiabilité
de ce petit hélcioptère pour débutants.
C'est sa vocation:
l'entrainement des pilotes. Parce qu'il est simple et avant tout
petit, il est logiquement économique. Les calculs réalisés
par le constructeur indiquent clairement que le coût de
fonctionnement (DOC) est réduit de moitié par rapport
à ses plus proches concurrents.
Soit encore un coût horaire de location guère supérieur
à celui d'un avion quadriplace de hautes performances,
ce qui sous-entend une percée commerciale au niveau des
aéroclubs, Le rêve deviendrait-il réalité
?
Hélicopters Associated propose son 00 AHA au prix de 2
800 FB, moniteur et toutes taxcs comprises; somme à laquelle
il convient néanmoins d"ajouter le poste «
carburant » (36% du coût d"exploitation à
l'heurc actuelle) : 30 1/h à raison de 35 FB/l. Petite
conversion. . . Le résultat tombe comme une bonne surprise
: moins de six cents francs français! A star is born.
Texte d' Alain
DE FOOZ AVIATION 2000 n° 65 janvier-février 1981
Toute catégories
confondues, c'est Robinson qui a vendu le plus d'hélicoptères.
Au début de l'année 1999, Robinson avait livré
88 appareils et a continiué sur sa lancée dépassant
largement ses concurrents. Les livraisons pour l'année
2000 comptent 390 appareils dont 126 R22 et 264 R44.
CARACTERISTIQUES
Type. hélicoptère école
Moteur: 1 Lycoming O-320-A2B de 124 cv
Performances. vitesse maximale , 190 km/h ; vitesse de
croisière (8 000 ft) 65%, 174 km/h; plafond pratique,
4 265 m , distance franchissable (sans réserve), 386 km
Masse : à vide, 361 kg ; maximale au décollage,
590 kg
Dimensions. diamètre du rotor, 7,67 m ; longueur,
8,76 m; hauteur,2,67 m ; |