
Photo P. Dennez

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Photo P. Dennez
Texte: L'Industrie Aéronautique et
Spatiale Française 1907-1982 Tome 3 1947-1982 Programmes
et Matériels |
Leduc 022
Premier
vol : 26 décembre 1956
Pilote d'essai : Jean SARRAIL
Le LEDUC 022
avait été commandé à deux exemplaires
dès 1951. Il effectua son premier vol le 26 décembre
1956. Il se distinguait de ses prédécesseurs par
un impressionnant fuselage cylindrique, prolongé loin
à l'avant par le corps central, formant habitacle. Toujours
en légère flèche, la nouvelle aile était
nettement plus mince.
Cette voilure était fabriquée, comme celles des
010-016-021, à partir de deux demi-coques fraisées,
avec les raidisseurs venus d'usinage, technique avancée
pour l'époque. Aux extrémités, il y avait
des réservoirs très profilés. Egalement
très minces, les empennages étaient eux aussi munis
de carènes d'extrémités. La profondeur était
monobloc et toutes les gouvernes étaient munies de servocommandes
JACOTTET-LEDUC. Le train d'atterrissage était un tricycle
classique. Une grande innovation était l'intégration,
dans l'axe du fuselage, d'un réacteur Atar D 3 de 2 800
kgp, qui permettait au chasseur de décoller par ses propres
moyens. La tuyère, de 2 m de diamètre, possédait
le système de combustion progressivement mis au point
sur les avions antérieurs : division de la « chambre
» principale en six chambres élémentaires
concentriques et étagées, les « viroles ».
On pensait obtenir de ce système assez complexe un bon
rendement à toutes les vitesses et altitudes. La poussée
escomptée était très supérieure à
celle permise par la tuyère plus petite du type 021 (à
M = 1, 16 000 kgp au lieu de 9600). L'avion était annoncé
capable d'atteindre M = 2. A cette vitesse et à 16 000
m on espérait obtenir la fantastique vitesse ascensionnelle
de 370 m/s. Le plafond de « manoeuvrabilité »
(facteur de charge compris entre 3 et 4 g en virage permanent)
aurait atteint 21 000 m. L'armement aurait compris soit quarante
roquettes AA, soit deux engins AA 20. Une télémétrie
radar était prévue.
Les études théoriques démontraient quel
était le point faible de ce formidable consommateur de
pétrole : avec sa capacité interne de 1 800 kg
de carburant seulement, c'était l'autonomie de vol, de
5 à 30 mn au maximum, selon les conditions de vol (très
grosses différences en fonction de la vitesse et de l'altitude).
En réalité, après 141 vols, le constructeur
n'était pas parvenu à résoudre de très
graves problèmes :
l'avion atteignait sans difficulté M = 0,95 mais ne parvenait
pas à devenir supersonique. Le système de combustion
se révélait inadapté au transsonique et
aux hautes altitudes, la régulation du statoréacteur
suivait mal et la cellule présentait une traînée
beaucoup plus élevée que prévue par le calcul.
En fin 1957, il était évident que pour obtenir,
peut-être, un chasseur opérationnel, une longue
période de mise au point serait encore nécessaire.
Or, cette même année 1957 fut une période
d'économies draconiennes, d'annulations de commandes et
d'abandons de projets prometteurs.
En octobre, la construction du second prototype fut stoppée.
Le 23 décembre, le 01 fut endommagé par un incendie
au cours d'un essai au sol. On avait estimé à deux
mois le temps nécessaire pour la remise en état.
Il ne revola jamais car le marché fut résilié
en février 1958.
Cette mesure fut le prétexte d'innombrables discussions:
il paraissait injuste de mettre ainsi brutalement fin aux rêves
et réalisations d'un ingénieur génial, qui
avait consacré sa vie à cette famille d'avions.
On doit cependant remarquer que le LEDUC 022 n'était valable
que pour l'interception à très haute altitude,
mission qui paraissait de plus en plus devoir incomber aux engins
sol-air. Et, depuis plus de vingt ans, les services officiels
français avaient sans doute patronné le plus long
programme jamais consacré à l'étude et à
l'expérimentation d'un avion !
CARACTERISTIQUES
Type. intercepteur expérimental
Moteur: 1 turboréacteur SNECMA ATAR 101 D3 de 2
200 kgp + 1 tuyère thermopropulsive Leduc 022
Performances. vitesse atteinte, Mach 1,05 ; vitesse théorique,
Mach 2,5
Masse : à vide, ; maximale au décollage,
9 000 kg
Dimensions. envergure , 9,96 m ; longueur, 18,12 m; hauteur,
m ; surface alaire, 22 m2.
Armement. |