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MYSTERE FALCON
Auteur : Jean CUNY
Editeur : E.P.A.
Année : 1982
Sujet : Monographie
Présentation : M. Marcel Dassault est,
sans conteste, l'un des plus grands constructeurs aéronautiques,
non seulement de notre pays, mais du monde ! Depuis une cinquantaine
d'années une formidable série d'avions marquants
se sont succédés : Bloch 120, 200, 220, 151/152,
174/175 puis Dassault 315, Ouragan, Mystère, Super Mystère
et les différents Mirage... La plupart des appareils construits
furent militaires et la très grande majorité furent
des avions de combat, aussi cela a-t-il valu à leur créateur
une réputation de marchand de matériel de guerre
à laquelle il ne tient certainement pas.
Car ce grand ingénieur a visiblement
toujours rêvé de s'imposer sur le marché
des avions civils et a, durant toute sa longue carrière,
régulièrement proposé des projets ou des
prototypes d'appareils de transport de tous tonnages. A un moment
il offrit même des avions de tourisme !
Il ne faut donc nullement s'étonner
si un tel projet devint finalement un exceptionnel appareil «
executive ». La formule de ce genre d'avions paraît
relativement récente, mais elle n'a fait qu'en remplacer
d'autres : Dès 1925 on voyait apparaître des «
berlines » ou multimoteurs légers susceptibles de
servir de moyen de liaison à de gros industriels, des
hommes d'État ou simplement de richissimes particuliers.
Et le premier type d'avions pour lequel Marcel Bloch lança
une campagne publicitaire fut un tel avion, le petit trimoteur
postal MB 60. Celui-ci n'allait pas connaître le succès,
bien que le plus gros MB 120 qui en fut plus ou moins extrapolé
eût acquis durant son service aux colonies une flatteuse
réputation de fiabilité et de .robustesse.
.Par la suite plusieurs de ses avions de transport atteignirent
une certaine notoriété. Ce fut par exemple le cas
de l'excellent MB 220, le « Dakota » français
utilisé par Air France sur ses lignes européennes
immédiatement avant la Seconde Guerre mondiale. Et immédiatement
après celle-ci le premier important avion de transport
français, le « Languedoc » était le
descendant de l'un des prototypes Bloch de la fin des années
trente. Le premier avion que produisit Marcel Dassault après
la fin des hostilités fut un bimoteur de liaison et d'entraînement,
le « Flamant » (MD 311/312/315). De son successeur,
le MD 316, on offrit des variantes civiles qui se heurtèrent
malheureusement à une terrible concurrence : celle des
transports légers militaires, produits en masses durant
la guerre et cédés par la suite, comme «
surplus », à des prix ridiculement bas. Manquant,
en outre, de moteurs convenables les ingénieurs de Dassault
durent se faire une raison : seul un important progrès
technique permettrait de se dégager d'un marché
aussi encombré et de vendre des avions neufs.
Un moment ce progrès parut être
apporté par la turbine à hélice (turbopropulseur)
d'autant plus qu'une firme française, Turboméca,
se classait d'emblée parmi les principaux fabricants mondiaux
de turbomachines de puissance modérée. Des turbopropulseurs
de cette marque furent donc adoptés à la fois pour
un nouveau bimoteur militaire d'appui-feu, liaison et petit transport
« Spirale ») et pour : sa variante civile «
Communauté »). Les deux versions étaient
tellement similaires qu'elles furent souvent confondues par le
grand public et que la vocation «executive » de la
seconde fut fréquemment oubliée. Ce fut à
nouveau une déception : pour diverses raisons, tant économiques
(prix de revient, consommation) que techniques (fiabilité,
confort des passagers), la turbine à hélice ne
fut pas l'argument décisif que l'on espérait. Jamais
le « Communauté » ne devait être produit
en série.
Certes les ingénieurs de Dassault s'obstinèrent
long-temps; ils s'obstinèrent en fait jusqu'à la
réalisation, sans davantage de succès, de 1'«
Hirondelle ». Mais cela n'avait nullement empêché
une équipe dont les membres ne manquaient pas d'imagination
d'envisager très tôt un nouveau bond en avant :
l'adoption du turboréacteur comme moyen de propulsion.
Ils l'envisagèrent même probablement avant la plupart
de leurs futurs concurrents.
Dès 1953, Dassault avait acheté
au motoriste britannique Armstrong-Siddeley la licence de fabrication
de son turbo-réacteur léger «Viper »
(sous sa forme « non consommable »). Il avait abouti
à une version française beaucoup plus puissante,
le «Farandole ». La plupart des commentateurs lièrent
cette opération aux projets de chasseurs légers
d'alors : « Mirage I », « Trident II ».
Sans être inexact cela ne tenait aucun compte d'une autre
utilisation très tôt envisagée par M. Marcel
Dassault : la motorisation d'un biréacteur de transport
léger qui fut annoncé comme le « Méditerranée
». Encore gourmand, ce réacteur aurait permis d'attendre
un successeur à double flux, beaucoup plus avantageux,
que l'on espérait voir apparaître bientôt.
L'urgence d'autres réalisations fit
remettre le projet à plus tard, ainsi que le retard pris
par les réacteurs économiques, qui n'apparurent
que tout à la fin des années cinquante. Dès
lors Dassault put relancer son projet en faisant appel à
ces réacteurs. L'appareil, très largement modifié,
devint alors le Mystère XX que nous connaissons encore
aujourd'hui, et qui allait être suivi d'une progéniture
tout aussi remarquable que lui (les types 10, 30/40 puis 50).
Il est donc tout à fait faux de voir
dans ces avions l'exception chez un constructeur ne s'intéressant
qu'aux appareils de combat. Au contraire, il s'agissait de l'aboutissement
d'une longue série de tentatives que succès et
célébrité récompensèrent justement.
Ils nous ont également paru justifier l'introduction de
cette famille d'avions dans la présente collection. Avions
célèbres ..
Jean
CUNY
Appréciation : **** |