L'AVIATION A TIRE-D'AILE
Auteur : Jacques MORTANE
Editeur : MAISON MAME TOURS
Année :
1940
Sujet :
Histoire

Présentation :                           AVANT-PROPOS

De tous temps, l'homme voulut rivaliser avec l'oiseau. La mythologie nous apprend que Jupiter traversait l'espace monté sur un aigle, ce qui supprimait les dangers de croisement et les virages dangereux. Pour éviter les atterrissages malencontreux, il descendait en pluie d'or vers Danaë. A cette époque, on ignorait la crise, et nul ne songeait même à tendre son chapeau pour recueillir quelques gouttes de cette ondée. Et Pégase, ce brave cheval, symbole de la poésie, quoique n'ayant que quatre pieds, ce qui en faisait un tiers d'alexandrin ! Il avait eu une curieuse naissance, étant le produit du sang qui ruisselait de la tête de la Gorgone Méduse, décapitée par Persée. Les déesses ne faisaient leurs courses et leurs visites qu'en chars ailés. La plupart d'entre elles recouraient à des colombes. Les moteurs de nos avions préfèrent les chevaux.
   Quant à Junon, femme de Jupiter et reine des dieux, elle avait fait atteler à son char de magnifiques paons, sans doute à cause des roues. Les jours de fête elle préférait les lions pour dévorer l'obstacle.
   Diodore de Sicile raconte un raid sensationnel sur lequel il est assez sobre de précisions : Abaris aurait fait le tour de la terre, monté sur une flèche d'or donnée par Apollon.   
 Dédale était architecte et d'une moralité douteuse. C'est lui qui avait fabriqué pour le roi Minos le labyrinthe où fut enfermé le Minotaure, monstre moitié homme, moitié taureau, ce qui était bien gênant pour les promenades. Dédale devint ainsi le précurseur des parcs d'attractions. A la suite sans doute d'une malhonnêteté de ce curieux architecte, Minos le fit enfermer avec son fils Icare dans le labyrinthe. Dédale fut assez ennuyé, car il avait totalement oublié la façon d'en sortir. Il n'avait pas pensé qu'il en deviendrait un jour locataire.
   Il fabriqua deux paires d'ailes pour Icare et pour lui et s'envola loin des rivages de la Crète. Il alla se poser en Sicile à Camicos, battant le record du vol maritime. Le roi Cocalos assista à l'atterrissage et fêta le héros. Mais Icare fut attendu en vain. Il avait tenté de s'attribuer le record de l'altitude. La cire de ses ailes, sans doute de mauvaise qualité, avait fondu sous l'ardeur du soleil. Le sabotage existait déjà. Il tomba dans la mer qui n'avait pas encore de carte et qu'on appela Icarienne.
   Rageur et vindicatif, Minos, sans pitié pour la douleur du père, n'hésita pas à se rendre en Sicile pour se faire livrer Dédale par Cocalos, qui fit semblant d'accepter et donna l'ordre à ses filles - les Coq-à-l'Ane sister - de préparer un bain à l'eau bouillante pour son confrère. Minos, qui devait être myope, ne s'aperçut de rien. Il entra dans la baignoire et mourut à la coque, - l'oeuf à la coque... alors. La recette s'est transmise jusqu'à nous pour le homard à l'américaine. C'est d'ailleurs la seule certitude que nous ayons sur ces précurseurs lointains.
   Archytas de Tarente, inventeur du cerf-volant, de la vis et de la crécelle, - curieux mélange, - créa, selon Aulu-Gelle, au VIe siècle avant Jésus-Christ, une colombe de bois qui s'éleva dans l'air et vola. Comment fonctionnait-elle ? Nul ne l'a jamais su. Elle se tenait suspendue par des vibrations, mais, si elle tombait, ne pouvait plus se relever. C'est ce qui arriva pendant longtemps aux aéroplanes modernes. En 322 avant l'ère chrétienne, Aristote étudia le mouvemen t des ailes des oiseaux et le rôle de leur empennage. Sous le règne de Néron, Simon de Samarie, dit le Magicien, voulut imiter l'oiseau et faire croire qu'il était d'essence divine. Il chercha à s'envoler, mais tomba et se cassa une jambe. On le releva assez mal en point à la grande joie de Néron. Simon, furieux, déclara à l'empereur que si celui-ci le faisait décapiter, il se faisait fort de ressusciter dans trois jours. Néron tint le pari où il n'avait rien à perdre. Simon de Samarie eut la tête tranchée et resta mort à titre définitif.
   A Constantinople, du temps de l'empereur Commène, un Sarrasin, montant sur la tour de l'Hippodrome, affirma qu'il allait traverser en volant toute la carrière. Il était vêtu d'une robe longue et large dont les pans étaient retroussés avec de l'osier. Il étendit les bras pour recevoir le vent. Quand il crut l'avoir favorable, il s'élança comme l'oiseau ; mais le poids de son corps l'emporta sur l'efficacité du système et il alla se briser les os sur le sol....

Sur ce ton, l'auteur écrit pour la jeunesse cette histoire glorieuse de l'aviation. Ce fut son dernier ouvrage, la mort vint le surprendre pendant qu'il corrigeait les épreuves au terme de son labeur. Une page d'histoire très agréable à lire
  
Appréciation : ***

 

 



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Dernière mise à jour le 17 septembre 2000