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Kostia Rozanoff
le fonceur
Qui, dans les années
50, ne connaissait le colonel Constantin Rozanoff, tête
énergique, les yeux bleus du pilote de chasse, le cheveu
coupé ras, le langage claquant, la contrepéterie
facile, mais aussi meneur fascinant, bouillant, enthousiaste.
Né à Varsovie en 1905, il se tuait à Melun
lors d'une démonstration, trahi pan un fletner électrique,
le 3 avril 1954... il y a trente ans !
Passé par l'Ecole centrale des
Arts et Manufactures et par Sup'Aéro, il s'engage dans
l'Armée de l'Air pour être breveté pilote
en 1929. D'abord dans le bombardement mais bientôt dans
la chasse ; il se fait remarquer pour ses qualités de
pilote et ses connaissances techniques. Il est affecté
au centre d'essais de Villacoublay. En 1940, il combat sur Curtiss.
On le retrouve en Afrique du Nord où il prend le commandement
du " La Fayette ". Il participe à la campagne
d'Italie et finit la guerre avec trois citations, trois victoires,
la Croix de Guerre, l'Air Medal... en 1946, il sera élevé
au grade de Commandeur de la Légion d'honneur. C'est l'année
ou il entre chez Dassault comme chef pilote d'essais. Il a le
privilège de faire voler le prototype de l' " Ouragan
", premier chasseur français à réaction
produit en série. Ensuite ce sont les " Mystère"
I, II, IV, IV A et IV B, à bord duquel il passe pour la
première fois Mach 1 à l'horizontal, sur un avion
militaire français, le 2 février 1954, après
Charles Goujon ayant réussi la même performance
sur le prototype expérimental " Espadon ", le
15 décembre précédent. Rozanoff, force de
la nature incarnait à la fois le sérieux du pilote
d'essais et l'impétuosité du potache. Il savait
pratiquer le commandement sans sacrifier le sens de l'amitié.
Texte et croquis J. NOETINGER. .
Air & Cosmos n° 996 du 07/04/1984 |