Louis Fulachier
Pilote d'une époque
  
Il y a quelques mois, le 17 novembre dernier, s'éteignait Louis Fulachier. Il allait avoir 80 ans. Force de la nature, ayant triomphé de 30 mois de Buchenwald, intoxiqué de pilotage, il avait accumulé, en 43 ans de carrière, plus de 31 500 heures de vol, auxquelles il réussira à en ajouter. Frappé par la retraite de pilote de ligne à 62 ans, il sut se faire confier des convoyages et liaisons aux commandes d'avions légers et d'affaires de Sud-Aviation. Sont-ils nombreux dans le monde les pilotes ayant dépassé 32 000 heures ? Ce Commandeur de la Légion d'honneur, portant la Croix de Guerre, avait conquis son brevet militaire à Istres en 1925. Avec une solide expérience, en particulier en Syrie, il quitte l'uniforme en 1932, pour entrer, sous la houlette de Maurice Noguès, à Air Orient. C'est, avec son complice Henri Delaunay, la grande époque. Il est de ceux qui défrichent et sillonnent les lignes d'Extrême-Orient. En 1933 fusions et création d'Air-France. Il change de casquette mais reste le pilote " hors du moule ", aux habitudes bien ancrées, au caractère bouillant et sympathique, s'estimant souvent dispensé des servitudes, des réglements, procédures et sacro-saintes directives. Très fin pilote, connaissant bien sa machine et les routes qu'il ne cesse de parcourir, il se fie à son flair et son savoir-faire. Il ne reste qu'à l'admettre comme il est ! Du reste il rayonne, il est attachant et il a aussi " la chance "'. Pour toutes ces raisons, Louis Fulachier laisse un nom et l'image d'une époque où les hommes et les amis passaient avant les règlements... où l'on acceptait encore les fortes personnalités.
                                  Texte et croquis Jacques NOETINGER .
Air & Cosmos n° 1087 du 15 mars 1986
 



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Dernière mise à jour le 17 septembre 2000