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Yves BRUNAUD
...Jusqu'au sacrifice
« Quelles
que soient les circonstances de ma mort, je demande que soient
évitées a ma famille les souffrances des longues
cérémonies officielles. Que ma dépouille
soit ramenée le plus rapidement possible dans notre maison
familiale d'Anglet, pour lui donner en toute simplicité
une sépulture chrétienne. Que mes amis et camarades
ne prennent pas cette volonté comme une injure aux marques
traditionnelles de condoléances mais comme un désir
de retour à la paix familiale que j'ai toujours aimé
par dessus tout. Que surtout ceux d'entre eux qui savent la prière
veuillent me l'accorder et que ceux qui ne la savent pas ou ne
la savent plus essaient de la trouver. Que tous ceux que j'ai
pu faire souffrir par violence, indifférence ou faiblesse
m'accordent leur pardon jusqu'à demander pour moi celui
de Dieu. Que tout ce que je possède revienne à
ma femme pour l'aider à faire de nos enfants des hommes
et femmes dignes de ce nom. »
Tel fut le « testament » rendu
public au lendemain de la mort d'Yves Brunaud, chef pilote de
Breguet, victime d'un essai avec son équipage, l'ingénieur
Alain Richard, et le mécanicien Rémy Raymond. C'était
le 19 avril 1962... trois jours avant Pâques. Est-il besoin
de phrases pour décrire ce père de huit enfants,
cet homme de quarante et un ans à la carrure d'athlète,
au visage paisible mais douée d'un rayonnement peu courant
? Sa modestie et son sens des responsabilités percent
à travers ses dernières volontés. Il avait
été successivement obervateur puis pilote de «
lourds », dans l'Armée de l'Air, avant d'entrer
au C.E.V. puis chez Breguet fin 1947. Officier de la Légion
d'honneur, il comptait plus de 4 000 heures de vol dont 2 500
en essais, en particulier sur le « Deux-Ponts
», le 1100, le «
Vultur »,
et l' « Alizé »... et l' « Atlantic
»... vingt ans déjà!
Texte et croquis Jacques NOETINGER
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Air & Cosmos n° 903 du 17 avril 1982 |