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Jean BERTIN,
l'inventeur
La S.N.C.F.
et les promoteurs du T.G.V. ont eu raison de clamer que ce train
est le plus rapide du monde. C'est vrai au titre du transport
ferroviaire régulier. Il ne faut pourtant pas oublier
que si le record du monde officiel sur rail avec passagers est
bien français, il n'appartient pas au T.G.V. ; on le doit
à l'aérotrain. Le 5 mars 1974 sur les 17 kilomètres
de son rail, construit au nord d'Orléans, il fit, sur
l'aller et le retour, une moyenne de 417,6 km/h : homologué
par la F.A.I. Jean Bertin, ce jour-là, pensait avoit prouvé
de façon flagrante les possibilités « hors compétition
» de son invention.
Trop d'intérêts étaient en jeu. Malgré
son combat mené avec fougue, il fut trahi, abandonné...
savait-on qu'on le condamnait à mort, lui à qui
l'on devait tant d'inventions, tant de brevets portant témoignage
à l'étranger du génie français ?
C'est lui, ne l'oublions pas, qui inventa le déviateur
de jet pour réacteurs alors qu'il travaillait à
la SNECMA, comme adjoint au directeur technique de l'I.G.R. Marchal.
Grâce à lui cette innovation trentenaire, a été
adoptée d'abord par Bristol en Grande-Bretagne puis par
Aerojet aux U.S.A. (cette dernière licence, grâce
à une rouerie entre industriels, ne rapporta qu'un dollar
à la SNECMA !) Ayant fondé sa propre société,
Jean Bertin se consacra d'abord aux véhicules à
coussin d'air: terraplane, aérotrain, naviplane. Mais
quels domaines n'a-t-il pas abordés ensuite ? Brillant
élève à l'Ecole Polytechnique comme à
l'E.N.S.A., Jean Bertin incarnait le savant, l'inventeur mais
toujours en prise directe avec les réalités. Son
enthousiasme était communicatif. Son langage clair et
teinté d'un accent auxerrois allait droit au but. Il avait
du coeur. Son équipe qui, sous son nom, poursuit sa tâche,
lui rend un permanent hommage.
Texte
et croquis de J. NOETINGER. .
Air & Cosmos n° 897 du 6 mars 1982 |