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AERONAVALE.
Le
service de l'aéronautique maritime est officiellement
créé par le décret du 20 mars 1912. Il comprend
un centre d'aviation établi à terre (ce sera d'abord
Montpellier puis Fréjus) et un bâtiment central,
la Foudre, commandé par le commandant supérieur
de.l'aviation maritime. Le capitaine de frégate Louis
Fatou en est le premier commandant.
Mais l'Etat-major général
a besoin d'avoir en son sein un service spécialisé
établi à Paris. C'est chose faite avec le décret
du 10 juillet 1914 qui porte sur l'organisation du service de
l'aéronautique maritime. Celle-ci comprend :
-un service central
de l'aéronautique,
-des centres d'aérostation,
-un centre principal
et des centres d'escadrilles d'avions.
Le chef du service
central de l'aéronautique est un officier supérieur
qui relève directement du ministre de la Marine. Le capitaine
de vaisseau Jean Noël est nommé à ce poste
par un décret du 1er août 1914.
Notons que l'aéronautique
maritime englobe l'aérostation et l'aviation maritime.
Il faudra cependant attendre 1915 pour voir arriver les premiers
dirigeables et 1917 pour que des captifs opérationnels
soient enfin mis en service à bord de bâtiments
de la flotte. La Foudre, quant à elle, devient
à ce moment un simple bâtiment annexe.
L'évolution
de la menace sous-marine allemande pousse à intégrer
l'aéronautique au sein de l'Etat- major général.
Cela amène la suppression du service central (décret
du 6 septembre 1916) dont les quatre sections (aéronautique,
technique, réparations et approvisionnements, personnel)
sont ventilées dans les divisions de l'Etat-major général.
Le décret du
18 juin 1917 créé la direction générale
de la guerre sous-marine (DGGSM), dont le chef est un contre-amiral.
Elle est organisée en six sections dont l'une d'elles
n'est autre que la section aéronautique de l'Etat-major
général. Pour mettre fin aux nombreuses difficultés
qui opposent l'aéronautique militaire et l'aéronautique
maritime, une cascade de décrets et d'arrêtés
seront pris dans le courant du second semestre de 1917. Ces dispositions
précisent que le sous-secrétariat d'Etat à
l'aéronautique (SSEAé) prend la haute direction
de l'aéronautique maritime (AM) pour ce qui concerne le
matériel et la formation commune du personnel, tandis
que la DGGSM, placée sous l'autorité d'un nouveau
sous-secrétariat d'Etat à la Marine (SSEM) s'occupe
de l'emploi des forces. Cette répartition se maintiendra
jusqu'à la fin du premier conflit mondial.
Après
la suppression de la DGGSM, à la fin de 1918, l'Etat-major
général de la Marine retrouve son service aéronautique
(SA), tandis que le service technique et industriel de l'aéronautique
(STIAé) lui, reste sous la direction du sous-secrétariat
d'Etat à l'aéronautique (SSEAé).
Le décret
du 13 décembre 1921 restaure le service central de l'aéronautique
maritime qui, après le décret du 4 novembre 1924,
comprend deux divisions :
-la division
militaire, incorporée à l'Etat-major général,
-la division
technique et administrative, qui relève directement du
ministre de la Marine.
Le contre-amiral
Alexandre Lanxade est en 1922 le premier officier général
à être chef du service central de l'aéronautique
maritime.
La création
du ministère de l'Air, en octobre 1928, amorce de longues
années de tension avec le ministre de la Marine. En effet,
le ministère de l'Air désire rassembler sous son
autorité toute l'aéronautique française.
Le SC/ Aéro est une seconde fois supprimé. Le capitaine
de vaisseau Esteva devient directeur de l'aviation maritime,
puis en 1930, devenu entre temps contre-arniral, sous-chef d'Etat-major
des forces aériennes.
Le décret
du 27 novembre 1932 écartèle l'aviation maritime
en trois catégories :
-l'aviation embarquée,
qui appartient à la Marine,
-l'aéronautique
de coopération navale non embarquée, mise par l'aéronautique
militaire à la disposition permanente de la Marine,
-l'aviation autonome,
qui appartient à l'aéronautique militaire et qui
peut être mise à la disposition de la Marine.
Le 1er avril
1933, l'armée de l'Air est enfin créée.
L'arrêté du 29 octobre 1934 recrée le SC/Aéro
placé sous l'autorité du chef d'Etat-major général
de la Marine.
Le 1er janvier
1936, l'armée de l'Air absorbe définitivement l'aviation
autonome. Le décret du 22 août 1936, qui abroge
celui du 27 novembre 1932, donne la nouvelle organisation de
l'aéronautique maritime. Cette dernière n'a plus
que deux composantes :
-une aéronautique
navale appartenant à la Marine et comprenant l'aviation
embarquée ainsi que l' aéronautique de coopération
maritime non embarquée,
-une aéronautique
de coopération maritime appartenant à l'armée
de l'Air.
L'organisation
générale de l'aéronautique navale est précisée
par le décret du 16 mars 1937. C'est cette appellation
qui remplace désormais celle d'aéronautique maritime.
Le SC/Aéro ne changera plus d'appellation jusqu'à
sa dissolution en 1942 après l'invasion de la zone sud
par les troupes allemandes.
De novembre 1942
à juin 1943, le commandant des forces maritimes et aéronavales
est le vice-amiral d'escadre Michelier, officier de Marine le
plus ancien en Afrique. Il dispose d'un bureau FMA/Aéro
qui ne peut cependant pas être considéré
comme un échelon central.
Le contre-amiral
Lemonnier est désigné en juillet 1943 comme chef
d'Etat-major général de la Marine, et est basé
à Alger jusqu'en septembre 1944. Il met en place son Etat-major
en août 1943. Le capitaine de vaisseau Nomy prend le titre
de commandant de l'aéronautique navale, il le conservera
jusqu'en septembre 1949. Promu contre-amiral en février
1945 il sera le sous-chef d'Etat-major aéronautique. En
novembre 1944, réapparaît un service central de
l'aéronautique navale au sein de la division aéronautique
de l'Etat-major général. Ce SC/Aéro se compose
de deux sections: matériel et administration.
L'instruction
n° 2000 EMG/Aéro/l du 13 juillet 1946, portant organisation
de l'aéronautique navale, abroge le décret du 16
mars 1937 et entérine l'existence d'une division EMG/Aéro
et d'un SC/Aéro. Ce dernier est placé sous les
ordres d'un capitaine de vaisseau adjoint au sous-chef d'Etat-major
aéronautique (SCEM/Aéro). Citons les capitaines
de vaisseau Calmon (1947-1951) et Allain (1951-1952). Le contre-amiral
Périès succède à l'amiral Nomy de
1949 à 1952. A son départ, le contre-amiral Ruyssen
prend comme appellation principale, car relevant du ministre,
celle de chef du service central de l'aéronautique navale,
et en second celle de sous-chef d'Etat-major aéronautique,
relevant du chef d'Etat-major général.
Le 1er mars 1962,
l'Etat-major général de la Marine (EMGM) devient
plus modestement Etat-major de la Marine (EMM). Cette organisation
dure jusqu'à l'été 1993, où, après
le remaniement de l'Etat-major de la Marine, la division aéronautique
de l'Etat-major (EMM/Aéro) est supprimée et les
bureaux qui la composaient sont intégrés dans le
service central de l'aéronautique navale dont le chef
devient ainsi indépendant de l'Etat-major proprement dit.
Les
Commandements de l'Aéronautique navale 1912-1994
Major Norbert DESGOUTTES |