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Bernard CHAUVREAU
Vagabond ailé
S'il a choisi la carrière de
la ligne pour devenir chef pilote d'Air-Limousin, Bernard Chauvreau
a toujours conservé son esprit de lutin du ciel. Pour
ce peintre artisan converti au pilotage en 1949, le ciel constitue
le jardin extraordinaire dans lequel il vagabonde en poète
et en artiste avec une détermination paisible, une assurance
sans arrogance, une fantaisie qui n'exclut ni le métier,
ni l'habileté et moins encore l'art.
Sa chance a été de rencontrer un autre
artiste, un céramiste à qui prit très tôt
la rage de construire des ailes pour les amoureux de la liberté.
René Fournier, père des avions planeurs R.F. est
devenu son ami. Ensemble ils ont fait des merveilles. Ensemble
ils ont eu droit le même jour à la Médaille
de l'Aéronautique... en mars 1971... il y a 10 ans.
Mars est un bon mois pour Bernard Chauvreau. Ces
jours-ci il voit ses souvenirs publiés sous le titre :
« Il était une fois Mes Ailes » (1). J'ai
lu son manuscrit; c'est un régal. D'abord c'est bien écrit.
Ensuite c'est le témoignage d'un pilote qui sait voir,
comprendre, vibrer... en admirant un massif enneigé, en
survolant d'inquiétantes forêts tropicales, en écoutant
le silence de son oiseau abandonné au vol d'onde, en se
trouvant seul au coeur d'une tribu sauvage d'Afrique ou face
au Docteur Schweitzer...
Parce qu'il a horreur de la routine mais qu'il cherche
toujours à se surpasser, il sait tout faire: les essais,
la voltige, l'instruction, les voyages, l'I.F.R. Avec 11 000
heures de vol, à 55 ans, il a su garder l'esprit jeune,
toujours ouvert à l'émerveillement. Pourtant il
en a eu des aventures, il a vécu des convoyages dignes
d'une autre époque... C'est pour celà que les anecdotes
qu'il livre aujourd'hui ont un singulier relief, une rare fraîcheur.
On sent que vibre au fond du coeur de ce vagabon ailé
une corde sensible dont on aimera cueillir les échos.
(1) Aux Editions France Empire -Paris.
Air & Cosmos n° 851
du 14 mars 1981 |