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LES VIEILLES TIGES
Les Vieilles Tiges constituent une association
fort sympathique des pilotes d'avant guerre. Elle compte environ
375 membres sous la présidence de M. Louis Bathiat.
Reconnue d'utilité publique, cette Association développe
le goût de l' Aviation et soulage de nombreuses infortunes.
Certes, beaucoup des pilotes des temps héroïques
ont disparu : Ferber, Delagrange, Latham, Leblanc, Chavez,
Mm. de Laroche, Léon Morane, Legagneux...
Les survivants sont restés fidèles
à l'aviation. Les vice-présidents sont Sadi-Lecointe
et Louis Paulhan qui fait des hydravions. Louis
Blériot construit. Esnault-Pelterie également.
Louis Bréguct ne se contente point de construire
: il porte au loin la bonne parole et aussi le geste. Lorsqu'on
fêta le 10e anniversaire de 1'Air-Union en avril
1929, il s'installa au poste de pilotage d'une de ses limousines
et décolla brillamment avec ses huit passagers très
fiers d'être conduits par un précurseur de cette
"envergure".
Parmi les Vieilles Tiges, citons André
Wateau, le colonel Brocard, Louis Gaubert, Aubrun, Barrier,
Dubonnet, industriels, René Labouchère,
chef pilote chez Potez, Santos-Dumont, le colonel
Albert Féquant, ancien commandant de l'École
de Versailles, placé récemment à la tête
d'une brigade, le général Félix Marie
qui commande à Cazaux.
Quant aux frères Farman, ils animent
toute leur famille d'une belle foi aéronautique. Les trois
frères Dick, Henri et Maurice Farman volent chaque semaine
en compagnie de leurs enfants pilotes eux-mêmes, ou de
leurs petits-enfants. Voilà une belle preuve de confiance
dans la navigation aérienne.
Une stèle a été élevée,
en janvier 1930, à Issy-les-Moulineaux en l'honneur du
premier kilomètre aérien, bouclé par Henry
Farman en 1908.
Robert Morane, frère d'une Vieille
Tige, est aussi un fidèle du manche à balai. Ce
manche à balai, qui sert d'enseigne aux Vieilles Tiges,
a d'ailleurs une histoire pittoresque. Si on a coiffé
pour l'étérnité ce levier de commande d'un
nom aussi modeste, c'est parce qu'il a la forme et la grosseur
du manche d'un balai et qu'il va à droite, à gauche,
en avant ou en arrière avec des mouvements comparables
à ceux de l'outil ménager encore fort répandu.
Pour désigner la courageuse et vertueuse Association
précitée, on ne pouvait adopter l'expression "Vieux
manches à balais " ce qui paraîtrait
désobligeant.
De là l'expression plus aimable de "
Vieilles Tiges" qui fait mieux image, puisque beaucoup
d'entre elles ont grandi.
Honneur aux Vieilles Tiges !
Entre leurs mains, le levier prend noble allure.
Ce n'est plus un manche. C'est la hampe d'un drapeau dont l'étoffe
est couleur du Temps.
EDMOND
BLANC. (1933) |